L’ESPANEGLATE


Oh cette cérémonie annuelle où tous soufflaient dans des peaux cousues :
L’espaneglate, où spanions et suriettes bizouyaient.
Ces scènes d’amour publique en toute décence, par le travers des outils-instruments de jovialité populaire et débridée.
Avant l’ère du décalque, aux horizons des doubles lunaisons, pointait l’afrödise avec des quantités de parfums espouflante et des qualités de parfums gaillardantes.
La mise au point des circulations réunissait tout le gotha autour des gâteaux. Les gâteaux de la Loire avaient déjà la réputation hybride de luire et de reluire.
Les carcasses arrivaient sur des chariots tirés par tous les animaux fréquentables.
Elles s’habillaient, elles s’espamaient et se rengorgeouyaient ensemble avec des rires comme des secousses et des lancers de tuiles rouges.
Etaient si chargées les carcasses : débordantes.
Les plus ardents spanions mettaient de la voile. Les enfants pleuraient de joie, rêvant tous d’y être. Les suriettes, un peu sucrées, pas trop, lizardaient toutes ces membrures et y infiltraient leur substance nerveuse. Le trouble s’emparait parfois des plus âgées pour cause d’accumulation fréquente ; et le trouble était le frisson garanti et l’assurance d’une quasi-vénération : ce qui était recherché.
Cette pierre, rare, porte en léger relief le cimier du bourdon gauche, à mise au vent, à prise galante, du fameux retourle, instrument le plus prisé des spanions du 5ème cycle, avec droit de plage et véloroue.
Il devait se positionner derrière les grosses padeloues et devant les fines et arrogantes tertues à banche bise : un positionnement et envié et redouté.
Combien de ces drilles ne finissaient pas en espadrille dans les lavandes ?
Combien ôh combien dans les lavande à se gorger ?
L’espaneglate était bien-sûr le centre du calendrier, là où les myosotis et les boutons d’or se réconcilient à peu de frais près de la fontaine où attendent les oeufs.
Cette poche à odeur, représentée sur cette pierre qui évidemment s’intégrait dans une frise plus importante, était activée par pincement plutôt. Dans ce combat amoureux, dans cette joute des fragrances, des destins se jouaient, des descendances s’en échappaient.
Oh les soyeux
Oh les bougresses.

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Ronan Suignard